En Tunisie, covid-19 et confinement ont été une période de mobilisation pour plusieurs associations et structures dans l’objectif de venir en aide aux subsahariens ( étudiants, travailleurs ) qui se retrouvaient dans des conditions très difficiles.
Sfax, une ville située à environ 180 kilomètres de Tunis regorge également plusieurs subsahariens de diverses nationalités. Dans cet entretien, N’Godo Nourdine Khalid TRAORE, Secrétaire Général de l’AESAT SFAX – ZONE SUD nous livre la situation de la communauté durant cette période.
- Quels ont été les conséquences de cette période de confinement et du covid-19 sur la communauté subsaharienne dans le ville de Sfax?
Les conséquences sont nombreuses, aussi bien négatives que positives. En général, elles sont d’ordre social, sanitaire, psychologique et alimentaire. Nous avons constaté une psychose générale ce qui a entrainé chez certains communautaires des problèmes de santé et une paranoïa. Également, beaucoup n’arrivaient plus à recevoir le soutien financier de leurs parents et se retrouvaient livrés à eux même. Dans l’ensemble, nous n’avons ménagé aucun effort pour les résoudre et aujourd’hui tout rentre dans l’ordre progressivement.
- Comment la communauté a vécu cette période ?
Nous avons été agréablement surpris par la prise de conscience générale. La communauté a rapidement compris l’envergure de la crise et a respecté toutes les mesures mises en œuvre par le gouvernement tunisien. Nous avons à notre niveau, avec les responsables des associations filles de l’AESAT, organisé des campagnes de sensibilisation et de discussion avec la communauté entière.
- Quelles sont les actions que les différentes associations de la ville de Sfax mènent pour aider financièrement, matériellement ou psychologiquement la communauté ?
Dès le début de la crise, nous avons formé avec les autres associations d’Africains noirs, une coalition, nommée Collectif des Organisations et Associations d’Africains de Sfax afin de parler d’une seule voix au nom de cette communauté. Nous avons tout d’abord rempli notre devoir citoyen, en faisant un don symbolique pour la lutte contre la crise à la poste de Sfax. Nous avons ensuite engagé des discussions avec les contacts que nous avions pour nous accompagner dans cette lutte. Aujourd’hui nous sommes heureux de savoir que beaucoup d’initiatives sont lancés au profit de cette communauté. Au niveau de l’AESAT, je tiens à remercier le Gouvernorat de Sfax, la Mairie de Sfax, l’Université de Sfax particulièrement l’Association Naabe Elkhir, l’Association AGODES, l’Association ATSR, les instituts d’enseignement de Sfax ainsi que toutes les bonnes volontés qui n’ont ménagés aucun effort.
- Avez-vous des aides d’hommes d’affaires, ambassades ou institutions durant cette crise du covid-19 ?
Pour l’instant, nous sommes en phase de discussion avec certaines institutions que nous tenons à remercier pour leur attention. Si je puis me permettre, je demanderai au corps diplomatique de faire un effort supplémentaire pour les étudiants et stagiaires et pour leurs ressortissants d’une manière générale.
- Existe-t-il un élan de solidarité des Tunisiens envers la communauté subsaharienne ?
Oui et je dirai même un très grand élan. Nous sommes ravis de voir ce qui se passe. Nous recevons continuellement des appels et des messages de la population locale pour nous encourager et prendre de nos nouvelles. Beaucoup essayent de venir en aide à la communauté et nous les remercions énormément. Les besoins sont réels et énormes. Aujourd’hui, beaucoup n’arrivent pas à payer leur loyer suite aux problèmes financiers, beaucoup n’arrivent pas à avoir le nécessaire pour s’alimenter quotidiennement mais nous ne sommes pas les seuls dans cette situation et nous le comprenons très bien.
- Elan de solidarité des Tunisiens envers la communauté subsaharienne, quel est votre point de vue sur ce sujet ?
C’est une bonne question. Personnellement, je pense que c’est le début d’une grande solidarité et d’une générosité à long terme. Aujourd’hui, le peuple tunisien a vraiment adopté la population migrante. Ce serai l’occasion de se pencher sur les questions qui gênent le séjour des migrants ici, telles que l’accès au travail, l’accès aux soins médicaux, la régularisation des titres de séjour, … La société civile devrait en profiter pour lancer un grand plaidoyer auprès des autorités.
- Quels sont vos attentes du Gouvernement Tunisien ?
Nous sommes conscients que le gouvernement tunisien a fourni un effort capital dans la lutte contre cette crise. Nous espérons que nous pourrons reprendre l’année académique rapidement et que le gouvernement se penchera sur la prise en charge des étudiants et stagiaires.
- Quels conseils pourriez-vous adressé à l’ensemble de vos communautaires dans la ville de Sfax ?
Avec le début du déconfinement, je conseillerai à tous de respecter les mesures prises par le Gouvernement, de ne pas tomber dans la psychose en prenant les informations de sources fiables et de nous contacter pour tout besoin de quel ordre qu’il soit. Nous sommes à leur disposition. Nous restons optimistes pour une sortie complète de cette crise et pour la reprise des activités.
- Comment envisagez-vous l’après-confinement et la reprise des activités pour la communauté ?
Nous travaillons actuellement sur un nouveau calendrier et nous suivrons les directives édictées par le gouvernement afin de protéger nos communautaires aussi le peuple tunisien que je tiens à remercier une fois de plus.